Ayant dévoilé une imposante liste de demandes prébudgétaires, le maire de Lévis, Gilles Lehouiller, n’a pas caché sa vive déception. Ce sentiment a principalement été alimenté par l’absence d’annonces touchant la mobilité dans la grande région de Québec.
«Ce n’est pas demain la veille qu’on va voir un troisième lien. Ça fait depuis 2018 qu’on attend. Comment peut-on expliquer que les projets prévus dans le Réseau express de la Capitale, que ce soit en infrastructures routières ou en mobilité durable, sont encore à l’étude? Alors, depuis 2018, c’était juste du vent et des concepts. Les Lévisiens ont l’impression de s’être fait rouler dans la farine», a imagé le premier citoyen de Lévis, lors d’un entretien avec le Journal le 13 mars.
Du même souffle, Gilles Lehouillier a trouvé que le gouvernement du Québec manquait d’ambition quant à son projet de zone économique métropolitaine (ZEM). «On ne prévoit qu’un maigre 9,5 M$ pour la ZEM. Ce n’est pas avec ça qu’on va faire quelque chose de gros. On est très loin de la coupe aux lèvres, malgré toute la mobilisation de la communauté régionale dans ce projet», a soutenu le maire de Lévis.
L’élu a toutefois tenu à souligner que le budget contenait de bonnes nouvelles pour Lévis, soit la confirmation du financement de la phase 1 du projet Umano de l’Office municipal d’habitation de Lévis (111 logements sociaux) ainsi que la planification de la transformation des routes des Rivières et Marie-Victorin à Saint-Nicolas en boulevards urbains pour 2028.
Gilles Lehouillier s’est aussi réjoui que l’exercice financier prévoie la création d’un nouveau CHSLD dans l’est de la Ville, la construction d’une «école primaire modèle» dans le quartier Lévis ainsi que la réalisation du projet d’agrandissement et de réaménagement du bloc opératoire et du bloc endoscopique de l’Hôtel-Dieu de Lévis.
Contrariété chez les intervenants économiques
La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et la Chambre de commerce et d’industrie du Grand Lévis (CCIGL) estiment pour leur part que le gouvernement a oublié «plusieurs mesures structurantes pour aider concrètement notre économie» dans le budget du Québec 2024-2025.
«Le gouvernement aurait eu avantage à aider davantage les entreprises québécoises pour stimuler la croissance économique. Cela aurait pu se faire en améliorant l'accès aux incitatifs fiscaux et financiers, en stimulant la productivité au travail et en renforçant l’écosystème entrepreneurial. […] Les PME sont confrontées à une période d’incertitude économique et à un contexte inflationniste. Après tout, les entreprises du Québec occupent un rôle majeur pour générer une croissance durable et développer des projets publics et privés, qui nous permettront de financer notre progrès social. Malheureusement, c’est une occasion manquée aujourd’hui», ont lancé Charles Milliard, directeur général de la FCCQ, et Marie-Josée Morency, Présidente-directrice générale de la CCIGL.
Les deux organisations ont aussi été déçues de voir le gouvernement signer un nouveau budget déficitaire ainsi qu’abolir le crédit d’impôt aux entreprises pour l’embauche des travailleurs de 65 ans et plus. Charles Milliard est également perplexe face aux demandes d’optimisation du gouvernement à ses sociétés d’État, le directeur général de la FCCQ réclamant que l’État québécois montre lui-même l’exemple.
Toutefois, la FCCQ et la CCIGL ont profité de l’occasion pour saluer les investissements promis par Québec pour maintenir les actifs du gouvernement provincial, en particulier les infrastructures routières, ainsi que pour mieux financer l’intégration des nouveaux arrivants.
Autres réactions
Du côté d’Accès transports viables, le budget 2024-2025 est décevant, comme ses attentes d’investissement pour améliorer la mobilité dans la grande région de Québec étaient grandes.
«Les décisions des derniers mois en matière de transports collectifs et actifs dans la région laissaient présager le pire pour le budget d’aujourd’hui et force est de constater que malheureusement, on manque cruellement de vision. Le gouvernement se prive de leviers financiers importants, notamment en matière d’écofiscalité, afin de répondre aux besoins grandissants de la population en matière de mobilité», s’est désolée la directrice générale d’Accès transports viables, Marie-Soleil Gagné.
Culture Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches (CCNCA) a quant à elle partagé sa vive inquiétude, notamment parce que le gouvernement provincial a prévu des «baisses significatives» en ce qui a trait aux sommes dédiées aux artistes et aux organismes via différents programmes, mesures et ententes.
«Le budget déposé laisse présager une importante fragilisation du milieu des arts, de la culture et du patrimoine. On constate une diminution marquée pour tous les organismes culturels, en particulier ceux de petite taille. Le message porté par le budget ne pourra que miner l’engagement de plusieurs, dans un moment où l’on avait plutôt besoin d’un élan supplémentaire», a déploré Cassandre Lambert-Pellerin, présidente de CCNCA.
L’Union des producteurs agricoles (UPA) du Québec a fait une sortie pour regretter l’absence de «mesures budgétaires musclées pour venir en aide aux milliers d’entreprises agricoles en difficulté».
«Les productrices et producteurs comprennent très bien l’ampleur des contraintes budgétaires du gouvernement. Passer outre les attentes légitimes d’un secteur qui a démontré à maintes reprises son engagement et sa résilience ne peut toutefois qu’engendrer de la déception, et même de la frustration chez celles et ceux qui y verront une indifférence flagrante quant à leurs besoins et préoccupations. Les autorités gouvernementales concernées auraient tort de sous-estimer ce mécontentement», a déclaré le président général de l’UPA, Martin Caron.