Par Aude Malaret - audemalaret@journaldelevis.ca
Un accident bouleverse la vie de Majorie, une écrivaine nouvellement célibataire et en rupture avec sa famille. Ses blessures la rendant temporairement invalide, elle se voit contrainte à une convalescence de plusieurs semaines. Soudainement, elle dispose de temps, que cela lui plaise ou non, pour guérir d’une relation amoureuse toxique, surmonter le deuil de son père et commencer à écrire le nouveau roman que lui réclame son éditrice depuis le succès du précédent.
«Lorsque j’écris, ça ne vient pas avec un plan. C’est la voix d’un personnage que j’entends et ça vient avec ses émotions. Je le suis», partage Hélène Custeau.
Ainsi, le processus d’écriture de l’autrice commence avec un personnage et se développe tranquillement autour d’une question. Elle ne planifie pas. La question qui traverse son nouveau roman, Il y a des histoires qui finissent bien, est liée au sujet de sa thèse de doctorat en création. Hélène Custeau se posait alors la question ‘‘De quoi est tissée une œuvre?’’. «J’en concluais que l’œuvre est souvent tissée des traumatismes de l’auteur», soutient-elle.
«Cette idée a mûri à travers mon roman. On voit le travail d’une écrivaine qui écrit un roman. On voit quelle est la part de ses propres traumatismes, quelle est la part des emprunts chez ses proches et des événements qui surviennent autour d’elle, la mort de son père, sa mauvaise relation avec son amoureux, une relation plutôt violente», raconte Hélène Custeau.
L’écriture, une forme de résilience
Dans Il y a des histoires qui finissent bien, le lecteur suit Marjorie dans son processus de création et saute de la fiction à la réalité. «On voit comment elle pense, comment elle mijote son roman, comment ça lui vient et comment ça la transforme», poursuit-elle.
Marjorie va se retrouver à creuser dans ses propres douleurs et elle va en faire quelque chose. «C’est la résilience, prendre ses traumatismes et ses douleurs et en faire un livre. D’autres en feront une peinture ou s’impliqueront dans une cause sociale.»
Tout ce qui arrive se transmet dans ce que Marjorie écrit, comme des vases communicants. Pour l’écrivaine écrire, c’est vivre. Sa difficulté, c’est vivre dans la vraie vie.
«Elle joue à Dieu. Elle veut donner à ses personnages un meilleur destin que le sien ou que ce qu’elle voit. Comme Rose qui meurt abandonnée des siens, elle va lui écrire un autre destin. Même dans la fiction, ce n’est pas simple de jouer à Dieu. La réalité rattrape la fiction», commente Hélène Custeau.
À travers les questionnements et les changements, Marjorie va évoluer, se dépasser elle-même et rencontrer l’amour. C’est inattendu pour elle.
«Il y a beaucoup de lumière dans mon roman. Elle rencontre Augustin qui est un être très lumineux. Elle tombe en amour. C’est comme si l’amour sauve tout. Finalement pour elle, le sens de la vie c’est l’amour. En même temps, ce n’est pas si simple d’être aimée. Il y a la peur de souffrir, aussi de s’engager, d’avoir des enfants. Qu’est-ce qu’il va rester de l’écrivain? Qu’est-ce qu’elle va pouvoir créer? Avoir des enfants, aimer, est-ce que ça va prendre toute la place? Je ne réponds pas à ça. C’est au lecteur de trouver sa réponse. Il n’y en a pas qu’une», invite l’autrice.
Hélène Custeau écrit tout le temps et à temps plein. C’est l’écriture qui donne un sens à sa propre vie. «C’est peut-être ce que j’ai en commun avec mon personnage. Je ne pense pas que je pourrai être saine d’esprit ou heureuse sans l’écriture, ça prend beaucoup de place dans ma vie. C’est en ça que Marjorie et moi on se rejoint, mais pas dans d’autres choses.»